« Il est rassurant de constater la cohérence et la vitalité de ces recherches plastiques, solidement ancrées dans une nouvelle tradition issue d’une révolution artistique, mais dont les suites sont largement ouvertes à de nouvelles explorations. »
Frank Popper, 1989
« Ces sculptures en acier poli peuvent également être envisagées sous l’angle conceptuel du miroir : sur un plan purement matériel, l’objet-miroir n’est rien de plus qu’un morceau de métal. Toutefois, il contient en puissance la totalité du monde visible. […] Aussi simples qu’ils sont foisonnants et insaisissables lorsqu’on les observe, ces totems de l’instabilité moderne confrontent l’observateur mobile tant à un objet qu’à un phénomène, et rendent sa richesse à chaque expérience perceptive. »
Matthieu Poirier, 2007
1932
Naissance à Guadalajara, Espagne.
1946-1948
Ecole des arts et métiers de Madrid, Espagne.
1949-1958
Réside à Buenos Aires, Argentine. Ecole nationale supérieure des beaux-arts, diplôme de professeur.
1958
Utilise des formes géométriques visant à écarter la subjectivité au profit d’un langage clair et à rapprocher l’œuvre du spectateur. Œuvres bidimensionnelles, fond tramé blanc et noir. Fig.1
1959
Sobrino s’installe à Paris. Il poursuit ses travaux sur la base de progressions et séquences systématiques dans la recherche de mouvements virtuels. Les œuvres bidimensionnelles sont travaillées à l’huile, à la gouache. Fig.2 Collages. Elargissement du champ chromatique (noir, blanc, couleurs). Fig.3
1960
Réalisation de reliefs Fig.4 à partir de formes géométriques planes superposées, en Plexiglas blanc, noir, couleur.
Cofondateur du Centre de recherche d’art visuel, qui développe la confrontation d’idées et d’expériences se rapprochant de l’art cinétique de l’époque, s’appuyant sur une investigation des phénomènes visuels et recherchant la participation active du spectateur. Le Centre réalise une première exposition en décembre dans son atelier.
1961
A partir de cette date, Sobrino utilise le Plexiglas transparent fumé ou coloré pour réaliser des structures à partir de formes géométriques simples dont la superposition et la juxtaposition donnent naissance à de nouvelles formes, faisant jouer espace et lumière avec le déplacement du spectateur. Chaque forme prend une position indéterminée dans l’espace, la matière échappe à la réalité de sa présence. Espaces indéfinis, Transformations instables. Fig.5
Le Centre de recherche d’art visuel devient le Groupe de recherche d’art visuel (GRAV), qui réunit Garcia Rossi, Le Parc, Morellet, Sobrino, Stein, Yvaral. Il définit ses « propositions sur le mouvement » (janvier), participe à la IIe Biennale de Paris, expose au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, publie son premier manifeste Assez de mystifications en septembre, organise une exposition dans son atelier en octobre. Sobrino sera un membre actif du GRAV et participera à toutes ses manifestations.
1962
Nombreuses expositions sur le thème de l’« instabilité », exposition collective « Arte Programmata » présentée à Milan, Venise et Rome. Rencontres et débats sur des investigations parallèles donnent naissance à l’idée d’une Nouvelle Tendance comme mouvement international. L’exposition « Art-Spectacle » à Paris réunit le travail d’autres groupes d’artistes : musiciens, poètes, plasticiens…
1963
Sobrino débute la réalisation de Structures permutationnelles Fig.6 en aluminium. Maquette de sculpture en plein air pour Sarcelles, France.
Il participe à diverses manifestations du GRAV en Italie et à la IIIe Biennale de Paris (L’Instabilité – Le Labyrinthe).
1964
Utilisation de l’acier poli miroir pour la réalisation de Structures permutationnelles. Les recherches sont les mêmes que dans les pièces en Plexiglas. L’effet miroir ajoute une interférence entre l’œuvre et son environnement : formes, mouvements et lumières sont incorporés et reflétés, l’œuvre s’intègre à son entourage, créant ainsi des images virtuelles toujours recomposées par le déplacement du spectateur. De nombreuses œuvres architecturales seront réalisées au fil des ans par Sobrino à partir de ce principe.
Sa préoccupation pour obtenir une participation directe du spectateur à ses pièces le conduit à réaliser des œuvres modulaires et des œuvres ludiques en mouvement : le spectateur fait bouger une forme et cette impulsion est transmise par des ressorts aux autres formes, produisant une succession de mouvements incontrôlés. Pulsations. Fig.7
Participe avec le GRAV à l’organisation de l’exposition « Nouvelle Tendance » et à la réalisation d’un deuxième labyrinthe. Fig.8
1965
Incorporation de la lumière électrique et du mouvement mécanique. Oppositions indéfinies, Rotations opposées, Fig.9 Déplacements bleus, verts.
Sobrino réalise sa première œuvre architecturale Structure permutationnelle, acier inoxydable à Sarcelles, France. Fig.10
Le GRAV publie le texte Stop Art et présente à New York un troisième labyrinthe. Il participe à la IVe Biennale de Paris et installe une salle de jeux dans le forum du théâtre.
1966
Développement du travail sur la lumière et le mouvement, réel et virtuel. Fig.11
Participation à la « journée dans la rue » organisée par le GRAV et à l’exposition « Kunst Licht Kunst » au musée d’Eindhoven, Pays-Bas. Espace comportant deux entrées, divisé par un miroir sans tain, faisant jouer la transparence, la réflexion, la multiplication et la participation directe du spectateur qui devient à la fois élément d’animation.
1967
Poursuite de la réalisation d’œuvres basées sur la transmission du mouvement. Des œuvres Déplacements linéaires intègrent un mouvement mécanique programmé.
Le GRAV présente à Paris un « Parcours de volume variable ».
1968
Le GRAV présente dans les espaces du museum Ostwall de Dortmund, Allemagne, une salle de jeux « A la recherche d’un nouveau spectateur ».
Dissolution du GRAV en novembre.
1969
Sérigraphies, œuvres modulaires en Plexiglas. Fig.12
1970
Sobrino met en pratique le mouvement aléatoire dans des œuvres composées de sphères unies par une structure métallique sur un point d’appui : Libres dans le vent. Création d’un Jeu d’échecs. Fig.13
1971
Sobrino dessine des costumes pour le ballet Requiem de Ligeti, Adret chorégraphe, au Théâtre contemporain de Grenoble. Fig.14 Sur la base d’une association de trois couleurs, chaque danseur porte une couleur dominante qui est en interrelation progressive avec les deux autres.
1972
Entame la réalisation de sculptures en torsion, d’abord en Plexiglas, puis en bronze et plus tard en acier Fig.15. Réalisations architecturales.
1973
Développement du mouvement aléatoire des œuvres Libres dans le vent dans la réalisation du mobile créé à Santa Cruz de Ténérife, Canaries (hauteur 1 200 cm). Fig.16
1974
Dans le cadre de ses recherches sur la lumière-couleur, il aborde la technique du vitrail. Réalisation d’un Mur lumineux (200 x 1 200 cm) au Palais des congrès de Paris, France. (photo ?) Fig.17
1976
Recherches sur l’énergie solaire en vue de l’intégrer à ses œuvres.
Réalisation de mosaïques murales : Vitré, France (650 x 650 cm), Broons, France (640 x 175 cm et 700 x 100 cm), Rostrenen, France (1 100 x 1 100 cm). Fig.18
1979
Conception plastique et réalisation architecturale d’une « banque cinétique », Fig.19 ensemble destiné aux bureaux de la Banque extérieure d’Espagne à Guadalajara.
1981
Utilisation de cellules solaires dans une première sculpture autoénergique. Fig.20
1985
Réalisation de sculptures et reliefs de grandes dimensions en Plexiglas noir ou blanc. Fig.21
1989
Réalisation d’une sculpture architectonique composée d’éléments modulaires en rotation, relations opposées, fer peint en blanc (hauteur 2 000 cm). Autoroute Madrid-Saragosse, km 54, Espagne. Fig.22
Etudes et projets faisant intervenir des faisceaux lumineux : Formes spatiales cinético-lumineuses, Fig.23 pour réaliser des pyramides de lumière destinées à Paris, Séville, Guadalajara et Madrid. Utilisation de rayons cylindriques de lumière blanche visuellement homogène dessinant une structure lumineuse mobile visible dans un rayon de 25 km.
1990
Participation à la Biennale d’art éphémère du Venezuela avec la réalisation d’un Relief articulé Fig.24 de 2 000 cm de longueur, flottant sur le fleuve Orénoque. Interrelation progressive de formes noires et blanches, articulées et unies dans leur centre par un câble. L’eau provoque un mouvement ondulatoire. Après un bref déplacement sur le fleuve et une fois coupé le câble qui en unit les éléments, l’œuvre se désarticule, s’abandonnant à la dérive du fleuve jusqu’à disparaître complètement dans l’eau, justifiant ainsi le cadre dans lequel elle a été réalisée.
1991
Activités centrées particulièrement sur des lieux publics pour lesquels Sobrino conçoit des Environnements : jeux, œuvres éphémères et ludiques, formes flottantes ; et participe à des ateliers et des séminaires.
1992
Sobrino revient sur les jeux d’ombre et de lumière sur le blanc dans des œuvres modulaires en papier pressé ou en Plexiglas, Torsions opposées et Blanc sur blanc. Fig.25
1993
Réalisation d’un atelier « Arts plastiques », IDEA, université de Caracas (Venezuela).
1994
Création d’un atelier « Propositions créatives », Cercle des beaux-arts, Madrid.
1995
Œuvres graphiques, collages, reliefs, où les modulations optiques et les contrastes de couleurs révèlent le lien avec l’Op’Art.
Réalisation d’une structure en Plexiglas transparent incolore Lumière-couleur. La projection de ses formes juxtaposées exposées à la lumière du jour provoque un effet prismatique changeant suivant le déplacement du spectateur.
1996
Poursuit ses investigations sur la problématique liée à la réflexion, la réfraction et la décomposition de la lumière. Recherche de formes spatiales lumino-cinétiques. Réalisation d’une sculpture Fuente de luz Fig.26 en Plexiglas transparent (240 x 80 x 120 cm), Guadalajara, Espagne.
1997
Approfondissement de la technique du vitrail. Réalisation d’œuvres en verre, papier et acrylique sur toile. Fig.27
1998
Exposition rétrospective 1958-1998, Guadalajara, Espagne, avec installation provisoire de sculptures le long de la rue principale de la ville Fig.28 et d’un labyrinthe composé de 64 cubes de 80 x 80 x 80 cm en huit couleurs, entre lesquels le spectateur peut se déplacer. Continuité de la gamme de couleurs sur chaque face, en sorte que les couleurs ne se répètent pas à côté l’une de l’autre.
1999-2005
Réalisation d’œuvres architecturales en Espagne : route nationale Madrid/Cuenca, Fig.29 Alicante, Valence.
2005-2006
Les séries des années 1958-1959 sont complétées par ordinateur. Fig.30
2006
Réalisation du Labyrinthe, proposé à Guadalajara en 1998, au conservatoire des Ocres à Roussillon (France). Fig.31
2008
Fondation d’un musée Francisco Sobrino à Guadalajara, Espagne. L’ouverture du musée, dont le chantier est en cours d’achèvement, est prévue fin 2013. Fig.32
2008-2012
Nombreuses expositions, œuvres monumentales et intégrations architecturales en Espagne et en France. Poursuite du travail sur le noir et blanc.
2013
Exposition Dynamo, Galeries nationales du Grand Palais, Paris.
2014
Francisco Sobrino décède le 10 mai à Bernay, France.